
Ce n’est ni la richesse du sous-sol, ni les grands discours qui font la grandeur d’un pays.
Ce sont la justice, l’intégrité, l’éducation et la morale. Malheureusement, la Guinée a tout sauf cela.
Aujourd’hui, beaucoup de Guinéens placent leurs espoirs dans un nouveau coup d’État, pensant qu’il suffira de chasser Doumbouya et son clan pour que les choses changent. Mais si nous regardons honnêtement la réalité, nous verrons que cela ne changera pas le fond du problème.
Le véritable mal de la Guinée ne se trouve pas seulement à la tête de l’État, il est profondément enraciné dans nos mentalités, nos comportements et nos habitudes collectives.
Changer de chef ne suffit pas, car le système se régénère à travers nous-mêmes. Les mêmes pratiques reviennent : mensonge, corruption, népotisme, complaisance, injustice.
Depuis notre indépendance, aucun changement de régime n’a modifié ces habitudes. À chaque pouvoir, le peuple espère la justice et récolte la souffrance. On chasse un dictateur pour en accueillir un autre sans jamais guérir la racine du mal. Et si nous essayions enfin de résoudre le problème dans l’autre sens ? En commençant par nous-mêmes.
Le problème, c’est d’abord chacun de nous individuellement, puis collectivement. Nous sommes les créateurs, les complices et parfois les protecteurs de nos propres maux. Nous les dénonçons en public mais les tolérons en privé. Nos problèmes naissent dans nos familles, notre éducation, nos fréquentations, nos valeurs et nos choix quotidiens.
Tant que nous ne changerons pas notre manière d’être, nos dirigeants ne changeront pas leur manière de gouverner.
Un peuple sans conscience ne peut pas exiger des dirigeants vertueux. Si nous voulons des leaders visionnaires, commençons par devenir un peuple lucide et exigeant.
Nous devons leur inspirer une vision, leur imposer des valeurs, leur rappeler qu’ils sont au service de notre avenir et de celui de nos enfants.
Je ne cherche pas à dédouaner nos dirigeants de leurs responsabilités dans les problèmes de la Guinée. Je sais qu’un leadership visionnaire aurait suffi pour changer la Guinée. Cependant, le peuple doit aussi comprendre qu’il a un rôle et des responsabilités dans ce qui lui arrive, surtout lorsque ces problèmes deviennent chroniques.
Les dirigeants qui se sont succédé ont souvent manqué de courage et de vision. Et nous, par nos actions et notre tolérance à l’injustice, avons été le carburant qui a fait tourner le moteur du système.
En attendant donc une solution providentielle, il faut déjà nous changer nous-mêmes. Le vrai combat de notre génération n’est pas de changer de chef, mais de changer de paradigmes.
La Guinée changera le jour où les Guinéens changeront.
J’ai foi en une autre Guinée : celle où l’honnêteté ne sera plus une faiblesse, mais une force, celle où servir sera plus noble que se servir, celle où la justice et la morale redeviendront les vraies richesses de notre nation.
Moustapha Ditinn BARRY
Citoyen guinéen, convaincu que la justice, l’intégrité et la morale sont les seules vraies richesses d’un peuple