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CONFIRMATION DIGESTIVE ET ALLÈGEANCE INTESTINALE

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Le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, fraîchement reconduit à son poste, s’est adressé avec chaleur, et peut-être une pointe d’émotion intestinale, aux cadres de son département : « Maintenant que le Président nous a confirmés, donnons-nous la main pour le confirmer lui aussi à la tête de l’État. »

Ah bon, monsieur le ministre ? Si l’on suit ce syllogisme de patriotisme ventral, faut-il comprendre que si le Président ne vous avait pas confirmé, vous auriez songé à ne pas le confirmer non plus à la prochaine présidentielle ? Seriez-vous allé jusqu’à fonder un parti politique ou rejoindre l’opposition, pour freiner — ou, selon la terminologie diplomatique, tempérer — ses ambitions présidentialistes ?

 

Ce serait cocasse… mais pas inédit. On connaît la partition : un ministre débarqué se découvre soudain une vocation de tribun, devient chantre de la transparence, défenseur intraitable de la République et distributeur de leçons de gouvernance vertueuse. Le tout entre deux plateaux télé et trois meetings sous perfusion de nostalgie administrative. Une opposition d’occasion, achetée au kilo de frustration, et revendue au prix fort de l’impunité politique.

 

Car bien souvent, cette reconversion express n’a d’autre finalité que d’obtenir une « immunité » politique, bouclier commode contre l’obligation de redevabilité et les gestions carrément crapuleuses. Et puis, qui sait ? Le vent de l’alternance soufflant parfois plus fort que prévu, mieux vaut alors avoir déjà viré sa cuti pour être du bon côté de l’histoire… ou du pouvoir.

Ils sont nombreux à cocher cette case. Il suffit de suivre mon regard… ou de consulter les archives politiques des dix dernières années.

 

Alors, faut-il conclure que le soutien politique, dans le théâtre national actuel, n’est plus qu’une gymnastique de l’œsophage ? Une fidélité fluctuante, dictée par les caprices de la reconduction et les spasmes du tube digestif ?

 

Peut-être bien. Peut-être que la langue de Son Excellence, ce jour-là, a fourché, désobéissant à la prudence diplomatique pour livrer, sans filtre, la pulsion première : non pas la pensée d’un homme d’État, mais le réflexe d’un instinct de survie. Car ici, en politique, ce ne sont pas toujours les convictions qui confirment les carrières. Ce sont les casseroles.

 

Dans tous les cas, le Général Mamadi DOUMBOUYA appréciera. C’est, après tout, lui qui est concerné par cette sortie.

A. MACO

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