
Incroyable mais vrai : certains continuent, envers et contre toute logique, de croire de nos jours que les autorités éducatives orchestreraient sciemment l’échec massif des élèves afin de restreindre le flux de diplômés, et par conséquent, de limiter la pression sur la Fonction publique.
Selon cette rumeur tenace, des consignes seraient données en amont aux correcteurs et, en aval, aux décideurs du ministère en charge de l’Éducation, pour fixer d’avance un taux de réussite dérisoire.
Mais cette croyance, aussi populaire soit-elle, ne repose sur aucune base tangible. Elle relève davantage d’une posture de déni collectif que d’une analyse rigoureuse de la situation. L’État n’a nul besoin d’user de telles manœuvres souterraines pour filtrer l’accès à la Fonction publique. Il lui suffit, le moment venu, d’user de critères de sélection stricts lors des concours de recrutement, qui sont par essence sélectifs.
La véritable cause du taux élevé d’échec réside ailleurs : dans le niveau de préparation des candidats eux-mêmes. Depuis plusieurs années, les signaux d’alarme sont multiples : désintérêt croissant pour les études, affaiblissement général du niveau, envahissement de la vie scolaire par les distractions numériques, insuffisance des méthodes pédagogiques, démotivation des enseignants souvent livrés à eux-mêmes, et absence d’un véritable suivi parental.
Au lieu de rechercher systématiquement des boucs émissaires dans les hautes sphères administratives, il serait plus honnête – et plus utile – de regarder en face la faillite collective d’un système éducatif dévoyé et d’une société qui a démissionné de ses responsabilités vis-à-vis de sa jeunesse.
Il est grand temps de nous affranchir des théories conspirationnistes qui ne font que dissimuler, maladroitement, nos propres renoncements. Non, l’État ne sabote pas délibérément l’avenir des élèves. Le véritable drame, c’est que nous avons, collectivement, cessé de les y préparer avec rigueur, constance et exigence. L’échec scolaire n’est pas le fruit d’un complot institutionnel, mais celui d’un abandon progressif de nos responsabilités : celles de transmettre, d’encadrer et de faire aimer l’effort.
Face à cette réalité, il devient impératif de renforcer les mécanismes d’encadrement et de pilotage de notre système éducatif, afin de créer les conditions d’un apprentissage de qualité et de résultats durables. C’est à cette tâche exigeante que s’attelle aujourd’hui le ministre de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Jean Paul Cedy, en œuvrant à restaurer la crédibilité de l’école guinéenne et à replacer le mérite au cœur du parcours scolaire.
- Maco