
L’assemblée générale de l’AIFM (Autorité Internationale des Fonds Marins) s’est tenue à Kingston (Jamaïque)) du 21 au 25 juillet.
En l’absence d’un cadre commun, la loi du plus fort, qu’il soit américain ou chinois, risque de menacer la biodiversité.
En Jamaïque, la dernière semaine des négociations de l’assemblée générale de l’AIFM s’est tenue pour tenter d’établir un code minier des grands fonds marins. C’est en effet à Kingston que se trouve le siège de l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM), une organisation internationale créée conformément à la convention des nations unis sur le Droit de la mer, signée à Montego Bay en 1982 et par un accord en 1994.
Petit problème : les États-Unis ne font pas partie du Club. Ainsi, le Conseil (36 membres) de l’AIFM, qui s’est réuni du 7 au 18 juillet, n’est pas parvenu à établir des règles, refusant de bâcler ses travaux sous la pression des américains, prêts à lancer seuls cette industrie controversée. Donald TRUMP a donné des instructions, en avril, à son administration pour accélérer la délivrance de permis en vue d’ouvrir l’extraction à grande échelle de minerais dans les grands fonds marins, y compris dans les eaux internationales. Un véritable camouflet pour l’AIFM.
Equation à quatre inconnus
L’enjeu principal du ‘’deep sea mining’’ repose sur la présence, dans les fonds marins, de ressources minérales stratégiques. Parmi celles-ci, les « nodules polymétalliques -de petites matières rocheuses qui se forment naturellement sur les fonds marins en plusieurs millions d’années, riches en nickel, cobalt, cuivre, manganèse- suscitent un intérêt particulier, notamment pour l’industrie des technologies vertes », écrit Romane LUCQ, analyste en stratégie internationale, spécialisée sur les enjeux maritimes.
Allez chercher ces ressources enfouies dans l’océan n’a pourtant rien d’évident. L’exploitation des grands fonds marins constitue en effet une »équation à quatre inconnus » :
- L’impact environnemental,
- La technique,
- La rentabilité économique,
- L’acceptabilité sociale.
Si la profondeur ne fait pas peur aux groupes pétroliers, la question du coût de transport et de la logistique se pose, notamment lorsque les ressources sont loin des côtés. Des unités terrestres de transformation du minerai sont également nécessaires, ainsi qu’une réflexion sur le gestion ou le recyclage des déchets issus émanant de cette transformation. « si certains semblent valider la faisabilité technique de l’extraction, des incertitudes pèsent sur sa viabilité économique, aucun projet commercial n’ayant à ce jour prouvé sa rentabilité.
De nombreux rapports scientifiques alertent aussi sur les potentiels effets de cette activité sur la biodiversité marine.
Les états sont donc divisés sur le sujet. Une coalition de 32 d’entre eux ont réjoui un moratoire sur l’exploitation en haute mer, appelant à suspendre tout projet minier en attendant davantage de connaissance techniques. La France s’est particulièrement mise en avant sur ce sujet en déclarant, en novembre 2022, so soutien à l’interdiction de toute exploitation des fonds marins. « les abysses ne sont à vendre, pas plus que le Groenland n’est à vendre, pas plus que l’Antarctique et la haute mer ne sont à vendre ».a rappelé Emmanuel MACRON lors du sommet sur le climat qui s’est tenu à Nice en juin.
D’autres états, espérant des retombées économiques ou stratégiques, sont favorables à une exploitation rapide et militent pour l’ouverture du marché. C’est le cas des États-Unis, de la Chine et de la Russie, mais aussi des états insulaires du Pacifique, tels le Nauru ou les Tonga, qui défendent le lancement de l’industrie, car ils y voient une source potentielle de revenus et de développement.
Le consensus recherché depuis dix ans reste toujours aussi difficile à atteindre.
Source l’Opinion: Synthèse de Laye OUMAR