
Alors que les réseaux sociaux font état d’au moins 17 morts et d’importants dégâts matériels suite aux inondations qui ont frappé Conakry dans la nuit du 30 au 31 juillet 2025, le site officiel du gouvernement guinéen demeure désespérément silencieux, n’ayant publié, à ce jour, qu’un seul communiqué annonçant 7 décès. Aucune mise à jour, aucun tableau de bord, aucun bilan évolutif n’a été mis à la disposition du public, si ce n’est la publication formelle de quelques passations de service entre ministres, comme si l’appareil étatique évoluait dans une bulle déconnectée de la détresse des populations.
Dans le silence glacial des institutions, les réseaux sociaux, eux, ont pris le relais, diffusant images, témoignages et appels à l’aide, révélant une solidarité citoyenne plus vive et plus humaine que la communication officielle du gouvernement dirigé par Amadou Oury Bah. Merci au passage à l’influenceuse guinéenne Fatoumata Chérif pour son dynamisme.
Ce contraste criant interroge : comment un État peut-il être à ce point en retrait face à une catastrophe humanitaire d’une telle ampleur ?
Si quelques réactions ont été relayées par la télévision nationale, leur portée reste confinée à un auditoire limité dans un environnement médiatique où l’instantanéité, la transparence et la multiplicité des canaux sont la norme. Ce défaut de réactivité ne saurait être imputé à un manque d’humanisme (loin de là), mais relève plutôt d’un amateurisme persistant dans la gestion élémentaire des affaires de l’État, d’un conflit de compétences, et de rivalités internes qui minent la gouvernance.
La querelle historique entre Amadou Oury Bah et Ousmane Gaoual Diallo, respectivement Premier ministre et ministre des Transports — également porte-parole du gouvernement — semble avoir migré des couloirs de l’UFDG aux sphères de l’exécutif. Dans cette cacophonie, l’on ne sait plus qui pilote la communication officielle : est-ce la Primature ? Le ministère des Transports ? Le secrétariat général du gouvernement ? Ou une page Facebook dont les publications manquent souvent de clarté et de cohérence ? Les liens en bas de ce texte, partagés de manière désordonnée (lien 1 et lien 2), viennent confirmer cette absence de ligne claire et l’illisibilité totale du message gouvernemental.
Le contraste est d’autant plus frappant si l’on se souvient de la période où Albert Damantang Camara assurait, avec rigueur et ponctualité, le rôle de porte-parole du gouvernement. À 8h, 14h et 19h — voire davantage si nécessaire — il informait la nation, en temps réel, sur tout événement majeur : drames, marches, violences, décisions urgentes… C’était l’époque d’une parole officielle structurée, identifiée et responsable.
Aujourd’hui, rien ne semble fonctionner. Et dans ce vide, certains Guinéens se tournent vers la Présidence, lui reprochant de ne pas prendre la parole. Là encore, l’erreur d’analyse est fréquente : c’est au gouvernement qu’il revient, en premier ressort, de communiquer sur les catastrophes. La présidence n’intervient qu’après transmission du bilan officiel et élaboration d’une réponse nationale. C’est à ce moment que le Chef de l’État peut, s’il l’estime nécessaire, s’adresser à la nation, présenter ses condoléances, et annoncer les mesures prises ou à venir pour venir en aide aux victimes.
Ce silence officiel n’est pas sans conséquences. Les ONG, les agences humanitaires et les bailleurs de fonds internationaux, tels que la Banque mondiale, s’appuient sur les données gouvernementales pour dimensionner leur intervention. En l’absence d’un état des lieux précis, ils se retrouvent dans l’incapacité de déployer une aide ciblée, rapide et efficace. Résultat : ce sont les populations sinistrées qui paient le prix fort de cette défaillance administrative.
En définitive, cette déroute communicationnelle appelle une réaction d’autorité. Il revient désormais au chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, de siffler la fin de la récréation. Trop de désinvolture, trop d’amateurisme, trop de rivalités internes nuisent à l’efficacité de l’État et à la confiance des citoyens. Gouverner, c’est prévoir. Mais à défaut d’avoir prévu, encore faut-il savoir réagir. Vite, clairement et avec dignité.
Je suis artisan de paix !
Je viens en paix !
Je repars en paix !
A. MACO