Si les actes posés par le Président américain depuis son arrivée au pouvoir sont parfois difficiles à décrypter, on peut écrire le contraire lorsque l’on observe les relations que les Etats-Unis veulent avoir avec le continent.
Il est inutile de rappeler que pour le monde entier l’Afrique est le continent de l’avenir comme en témoigne la multiplication des sommets entre le Continent et le reste du monde.
Mais bizarrement, le Continent noir ne semble pas être une priorité de l’actuelle administration américaine. Hormis la République Démocratique du Congo qui elle fait l’objet de toutes les attentions, le reste du continent est largement maltraité.
En effet, le Président américain a usé de tout son poids pour obtenir un accord de paix entre la RD Congo et le Rwanda, alors que la guerre ravage, depuis vingt ou trente ans, l’économie congolaise. On doit s’en féliciter comme on ne peut que se réjouir du projet de liaison ferroviaire entre l’est congolais et l’Angola, portant sur un financement de 5 milliards de dollars que les Etats-Unis entendent promouvoir.
Bien sûr, il y a derrière tout ça un parfum de richesses minérales, notamment le fameux coltan et les terres rares, mais les occasions de se réjouir étant rares, ne nous en privons pas.
Certes le désintérêt de Trump pour l’Afrique est patent, il ne s’en était d’ailleurs pas caché lors de son premier mandat, qualifiant certains pays de façon ordurière, mais son mandat s’était passé dans la continuité d’une politique d’attention traditionnelle.
Cette fois-ci la situation est beaucoup plus grave. Les programmes traditionnels américains d’aide au développement sont laminés. Il n’en reste pratiquement rien. Ainsi, l’USAID disposait d’un budget affecté à l’Afrique subsaharienne de près de 13 milliards de dollars. Accusée de mille maux, l’Agence a été purement et simplement fermée avec des conséquences parfois dramatiques. Aussi, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) financé à 90% par l’USAID assurait l’aide apportée au Tchad pour les 1,3 millions de réfugiés soudanais est considérablement affectée.
Les actes de cette nature sont multiples. Mais les mesures les plus emblématiques concernent les droits de douane. Ce sont les plus pauvres qui sont taxés. Le Lesotho prend 50%, Madagascar 47% et le Botswana 37%. Faudrait-il préciser que le Lesotho, qui a le taux de prévalence au VIH le plus élevé au monde, voit désormais ses malades infectés par le virus privés de la fourniture des antiviraux assurée par l’USAID.
Les mesures pour lutter contre l’immigration clandestine sont drastiques. six pays sont interdits de visa, Congo, Erythrée, Tchad, Guinée Equatoriale,
D’autres pays voient leur quota annuel de visa annulé, à la suite de quoi pratiquement 50% du continent sera empêché de voyager vers les USA. Le Ministre du Département d’Etat, Marco RUBIO a même, un temps, envisagé de fermer le Bureau des Affaires Africaines, sous le prétexte que l’argent manque et l’on attend.
L’effacement des Etats-Unis en Afrique est incompréhensible, alors que la Chine prend une position de plus en plus dominante. Les observateurs s’interrogent et attendent un réveil de ceux qui furent longtemps en première ligne sur le continent.
D. NONORE