
La Synergie des faîtières de la société civile guinéenne pour l’observation du scrutin référendaire a rendu publique une déclaration le lundi 15 septembre.
L’organisation, qui dit suivre de près la campagne référendaire, depuis son ouverture le 6 septembre, exprime de vives préoccupations quant à la nature du débat public et formule des recommandations pour préserver la crédibilité du processus.
Rappelant que sa mission est fondée sur les principes d’impartialité, de transparence et de participation citoyenne, la Synergie a pour objectif de contribuer à un scrutin ‘’crédible, intègre et apaisé’’.
Dans ses observations préliminaires, elle dénonce des ‘’pratiques et perceptions qui pourraient affecter la qualité du débat citoyen et la compréhension du peuple souverain. Elle note la confusion entre le Oui au projet constitutionnel et le soutien au Général Mamadi DOUMBOUYA. L’organisation observe que dans de nombreux discours et supports de campagne, la nouvelle Constitution est présentée comme un ‘’outil d’adhésion ou de soutien personnel au président de la République en exercice. Cette assimilation erronée occulte la nature réelle du texte qui est une loi fondamentale destinée à régir la vie collective au-delà des contingences politiques et des acteurs du pouvoir’’
La Synergie regrette la ‘’présentation du projet de Constitution comme une bataille pour ou contre un dirigeant. Ce qui réduit le débat référendaire à un choix partisan’’. Une situation qui conduit à ‘’l’appropriation du discours référendaire par des logiques de confrontation politique tend à reléguer au second plan le contenu même du projet de Constitution. Le référendum est ainsi faussement présenté comme une bataille pour ou contre un dirigeant, plutôt qu’un exercice de souveraineté destiné à doter la Nation d’un cadre institutionnel consensuel, durable et protecteur des droits et libertés’’.
Cette confusion pourrait entrainer ‘’un détournement du sens du vote. Au lieu de s’exprimer sur le texte constitutionnel, les électeurs risquent de se prononcer sur la personne du chef de l’Etat, ce qui peut dénaturer la finalité de l’exercice démocratique’’.
L’autre conséquence de cette confusion pourrait être ‘’l’affaiblissement de la légitimité du processus. Si le référendum est perçu comme un plébiscite ou un rejet du président en fonction, la valeur consensuelle et fondatrice de la Constitution pourrait être compromise’’.
Pis encore, elle pourra contribuer à ‘’l’exacerbation des clivages politiques et sociaux: la polarisation autour d’une personne accentue les tensions, éloigne le débat du fond et empêche l’émergence d’un socle de valeurs communes’’’.
Cette confusion conduit également à ‘’la mauvaise compréhension citoyenne le bas peuple, ceux qui ne sont parfois pas lettres, confus et mal informé, peut se voir privé d’une réelle appropriation du texte constitutionnel qui a pourtant été élaborée suivant une large consultation avec la contribution de tous’’.
Pour préserver la crédibilité du référendum, la Synergie formule des recommandations à l’attention des différentes parties prenantes. Aux acteurs politiques, leaders d’opinion et membres du gouvernement, demande dissocier clairement dans les discours le projet de Constitution de la personne du président de la République ; de centrer la campagne sur les dispositions du projet constitutionnel et expliquer leurs implications pour la démocratie, la gouvernance et les droits des citoyens; promouvoir un climat de tolérance permettant à toutes les sensibilités de s’exprimer librement.
Elle invite organisations de la société civile à intensifier les actions de sensibilisation neutres et pédagogiques, surtout en zones rurales ; mettre en place des plateformes d’éducation civique et de débats communautaires pour éclairer les électeurs et observer de près la campagne et le scrutin pour contribuer à la crédibilité du processus.
La Synergie rappelle avec insistance ‘’la Constitution n’est pas la propriété d’une personne ou d’un régime. Elle est le pacte social suprême qui engage et protège l’ensemble de la communauté nationale’’.
A ses yeux, ‘’confondre la Constitution avec un soutien à une personnalité politique revient à réduire l’avenir collectif de la Nation à des enjeux partisans et circonstanciels’’.
L’organisation en appelle à ‘’la responsabilité de tous les acteurs afin que ce référendum soit une opportunité historique de consolidation de la démocratie, de l’État de droit et de l’unité nationale’’.
S. BALDE